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Chasseurs d’éclipses : l’ultime aventure

29 février 2024 | Elisabeth Guil…

Le 8 avril 2024, Montréal sera le théâtre d’un phénomène astronomique à couper le souffle : une éclipse solaire totale! Mais cet événement est aussi impressionnant qu’éphémère. La totalité, soit le moment où le Soleil est complètement caché par la Lune, ne dure que quelques minutes. Avoir la chance d’en observer une est le spectacle d’une vie… à moins d’en faire une véritable passion! C’est le cas de Françoise Boutin, présidente de la Société d’astronomie du Planétarium de Montréal, et de Jean-François Guay, chercheur et informaticien, qui chassent ensemble les éclipses solaires totales aux quatre coins du globe depuis plusieurs années.

Pourchasser la beauté

Françoise a vu sa première éclipse solaire totale en 2008, en Mongolie. Celle du 8 avril 2024 sera sa sixième! Jean-François, quant à lui, a attrapé la piqûre des éclipses solaires totales en 1999. Depuis cette première expérience, il a pu admirer 11 éclipses solaires totales.

« Jusqu’à présent, j’ai accumulé 28 minutes et 34 secondes de totalité. C’est beaucoup lorsqu’on prend en compte qu’une totalité ne dure que quelques minutes! », raconte-t-il. 

« La plus longue totalité à laquelle nous avons assisté, c’était en 2009, en Chine. Elle a duré 5 minutes et 47 secondes. On a pu l’observer dans un trou dans les nuages, c’était magnifique. »

Chaque éclipse qu’ils ont pu observer était différente, mais toutes étaient mémorables. Ce sont des événements astronomiques dont le charme unique marque les esprits.

« Juste avant la totalité, il y a un jeu d’ombres particulier qui donne envie de retenir son souffle. Tout le paysage change en quelques secondes. », rajoute Jean-François. « Selon moi, les plus belles éclipses solaires sont celles qui sont basses à l’horizon [donc celles arrivant tôt le matin ou au crépuscule, ndlr]. Elles ont l’air plus grosses et le jeu de lumière est encore plus marquant. Par contre, elles sont courtes et c’est plus difficile en termes de photographie. »

Mais ce n’est pas que la beauté des éclipses qui les motivent. C’est aussi l’appel de l’aventure! De l’Argentine à la Chine, en passant par la Polynésie française et l’Australie, cette chasse au trésor leur a permis de partir en expédition un peu partout autour de la planète.

« C’est une excellente motivation pour voyager, découvrir d’autres pays et d’autres cultures, rencontrer des gens passionnés! » 

« Les chasseurs d’éclipses, c’est aussi une merveilleuse communauté, très accueillante. », affirme Françoise.

 

Un groupe de chasseurs d’éclipses installés dans un camping aux États-Unis, en 2017 © Françoise Boutin
                    Un groupe de chasseurs d’éclipses installés dans un camping aux États-Unis, en 2017 © Françoise Boutin
Photo d'une éclipse totale
                                                              Photo d’une éclipse solaire totale aux États-Unis, en 2017 © Jean-François Guay

 

Des défis logistiques

Évidemment, la poursuite des éclipses solaires n’est pas sans embûches. D’abord, il y a l’obstacle de la météo. Une mauvaise température, les vents et les nuages peuvent affecter l’observation du ciel. Le couple en atteste : ils ont connu toutes les conditions possibles!

« Mais une mauvaise météo ne va pas nécessairement tout ruiner. On peut quand même en profiter malgré un temps médiocre. », assure Jean-François.

Il cite, en exemple, sa toute première éclipse solaire totale, à Noyon, en France.

« Il pleuvait, c’était nuageux et on n’a pas du tout pu observer la totalité. »

Malgré tout, l’expérience l’a marqué à vie… et l’a converti en véritable enthousiaste!

 « Même si les nuages cachent la totalité, on peut tout de même la ressentir. La luminosité chute, la température baisse (parfois de 10°C!) pendant ces quelques minutes. Je dirais même que le changement est encore plus prononcé quand le temps est mauvais!»

Donc, lors de l’éclipse du 8 avril 2024, malgré un orage ou une tempête de neige, nous devrions quand même être capables de profiter de l’expérience!

 « Absolument! Tant qu’on se trouve dans la zone de totalité, bien sûr. Si vous vous trouvez dans la zone d’éclipse partielle, ce ne sera pas du tout aussi marquant. Alors déplacez-vous! »

Outre les aléas du climat, la localisation de l’éclipse peut être elle aussi un défi. Les deux chasseurs d’éclipses en savent quelque chose : au cours de leurs voyages, ils se sont aventurés dans deux déserts et même en plein milieu de l’océan.

« Pour observer une éclipse en Polynésie française, en 2010, nous avons dû prendre un avion nolisé spécialement pour amener ceux qui voulaient voir l’éclipse au site d’observation, une île en plein Pacifique. », se souvient Françoise. « C’était une très belle éclipse. »

 

 Éclipse solaire totale en Polynésie française, en 2010 © Jean-François Guay
                                                                     Éclipse solaire totale en Polynésie française, en 2010 © Jean-François Guay

 

Et ce n’est même pas leur péripétie la plus insolite!

« La Libye, c’était un véritable casse-tête. Obtenir un visa pour entrer au pays était, en soi, compliqué. Puis, le site d’observation se trouvait loin dans le désert, à trois ou quatre jours de chemin à partir du village le plus proche. On a passé environ une semaine dans le désert, accompagnés d’une escorte policière et de guides. Et nous n’avons même pas pu apporter notre matériel! À cause d’un pépin avec les avions, il est arrivé une semaine après l’éclipse. », raconte Jean-François.

Il se met à rire.

« Au moins, il n’y avait aucun nuage! Et, contrairement à l’éclipse de Mongolie, nous n’avons pas eu à négocier notre passage avec l’armée pendant des jours! »

Conseils de pro pour profiter pleinement de l’éclipse solaire totale 

 

    1. Choisir les bonnes lunettes d’observation d’éclipse.

Des lunettes spécialement conçues pour observer les éclipses solaires. Ces lunettes doivent respecter la norme ISO 12312-2:2015, comme celles qui seront distribuées gratuitement lors de l’événement du Centre des sciences.

     2. Opter pour des jumelles plutôt qu’un télescope

À part les lunettes, on peut aussi utiliser une paire de jumelles équipée d’un filtre solaire aux mêmes normes que celles des lunettes.

« Les jumelles, c’est de loin le meilleur outil. », dit Françoise.

« Un télescope, c’est génial, mais ça grossit tellement qu’il ne permet pas d’observer l’éclipse dans son ensemble. », rajoute Jean-François.

Observation d’une éclipse solaire annulaire, aux États-Unis, en 2023 © Jean-François Guay
                                             Observation d’une éclipse solaire annulaire, aux États-Unis, en 2023 © Jean-François Guay

 

       3. Connaître son matériel photo

« Il faut absolument tester votre équipement bien avant l’éclipse. Si vous n’êtes pas à l’aise avec vos outils ou les techniques de photographie au moment de l’éclipse, vous risquez de la rater complètement. Et si votre appareil photo est équipé d’un filtre solaire, n’oubliez surtout pas de le retirer pendant la totalité, sinon vos photos seront complètement noires! »

Il en va de même pour vos yeux : vous pouvez retirer vos lunettes ou le filtre de vos jumelles pendant la totalité, mais seulement pendant la totalité. Avant et après la totalité, il est très important de porter votre équipement de protection!

Enfin, les deux chasseurs d’éclipses concluent avec leur plus important conseil… profitez de l’instant présent!

 

Photo d’une éclipse solaire totale, en Australie, en 2023 © Jean-François Guay
                                                                  Photo d’une éclipse solaire totale, en Australie, en 2023 © Jean-François Guay

 

Venez vivre ce spectacle inoubliable avec nous! Le Centre des sciences sera un point de rassemblement officiel gratuit lundi 8 avril 2024. La population de Montréal et des environs sera invitée à se rendre devant le Centre des sciences pour observer l’éclipse qui sera visible au-dessus du centre-ville. Nous avons vraiment un emplacement de choix pour vous permettre de vivre le plein potentiel du phénomène. Des lunettes d’observation seront fournies jusqu’à épuisement des stocks. 

Rejoignez l’événement Facebook et abonnez-vous à l’infolettre pour connaître toute la programmation!

 

 

Elisabeth Guillet-Beaulieu
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Elisabeth Guillet-Beaulieu s’est jointe à l’équipe du Centre des Sciences de Montréal en décembre 2022. Cette férue d’environnement et de nature – mais aussi d’éducation scientifique – y occupe présentement le poste de chargée de recherche et de vulgarisation. Outre ses intérêts pour la biologie, elle possède aussi un amour profond de l’astronomie, de la chimie et des jeux vidéo. Elisabeth est titulaire d’un baccalauréat en sciences biologiques et d’une maîtrise en environnement et développement durable.